Aujourd’hui, suite à un énième article sur le « métier » d’influenceuse, j’ai finalement décidé d’ouvrir mon ordinateur pour réagir. En me baladant sur Facebook, je suis tombée sur cet article. Il ne dénigre pas le métier de blogueuse, mais, à l’inverse, parle d’une étude réalisée par une chercheuse américaine prouvant que certes, les influenceuses font un métier de rêve, mais qu’il s’agit de réel métier pour certaines, qui ne doit pas être dénigré. L’article est positif pour nous blogueuses (pour une fois!), mais ce qui m’a choquée et poussée à rédiger cet article, ce sont les commentaires sous la publication Facebook. « Blogueuse », métier de rêve et vie de rêve? En partie, bien évidemment ce serait malhonnête de le nier ! Mais je vais vous parler un peu de la réalité qui se cache derrière ce métier de rêve.
L’article aurait pu être intéressant, mais est légèrement bâclé et ne cite qu’un seul point de l’étude de la chercheuse New-Yorkaise :
« Nous voyons maintenant la lignée de cette dévalorisation du travail dans l’économie des médias sociaux. Je vois ces investissements de temps et d’énergie comme une forme de travail, mais ils sont souvent considérés comme des loisirs, comme amusants et comme quelque chose qui ne devrait pas être récompensé matériellement. »
Je suis entièrement d’accord avec cette réflexion, et après ma lecture, j’étais heureuse de voir enfin des journalistes partager un point de vue positif, intéressant sur notre situation en tant qu’influenceuse, blogueuse ou youtubeuse. Puis est venu le moment où j’ai commencé à lire les commentaires sous la publication Facebook partageant l’article … édifiant. Facebook n’est bien évidemment pas connu pour rassembler des gens qui réfléchissent sur un sujet avant d’en parler, qui se renseignent pour construire une critique raisonnée, mais mes yeux se sont écarquillés devant l’imbécilité (pour rester polie) de ces personnes.
Certes, en tant que blogueuse (je vais utiliser ce terme car il me concerne mais on peut très bien assimiler à la réflexion qui va suivre les youtubeuses ou influenceuses de toutes sortes), on vit une vie de rêve : on croule sous les cadeaux des marques, on voyage dans des pays de rêve souvent en grande partie gratuitement, on bosse à la maison, on rencontre pleins de gens, on tisse des liens, on partage sa vie sur snapchat ou instagram stories … Tous ces faits sont vrais. Voilà à quoi ma vie professionnelle « visible » se résume presque. Mais est-ce la réalité? Bien évidemment, quelqu’un qui a un peu de recul et de réflexion, verra vite le travail qu’il y a derrière un blog, des posts instagram, et même la publication de stories. Vous n’y croyez toujours pas? Laissez moi vous expliquer à quoi ressemble ma vie.
Je vais structurer mon article comme une « réponse » à certains des commentaires postés.
Tout d’abord, pour ceux qui tomberaient sur cet article sans me connaitre, je suis avant d’être blogueuse (de métier), une étudiante en droit en master. Je combine donc une vie professionnelle remplie, avec des études compliquées. Je vais parler en « JE », parce qu’on est sur mon blog, mon univers, mais je parle au nom de toutes ces filles qui font le même métier que moi et que vous aimez tant critiquer.
Mes journées, je les commence tous les jours à 7h du matin. Certes je pourrais être encore plus à plaindre et commencer mes journées à 4h du matin comme certaines personnes qui doivent se rendre à un travail extrêmement éloigné de leur domicile, ou parce qu’ils ouvrent leur boulangerie à 6h du matin par exemple. Mais non, je commence, comme la plupart des gens je pense, mes journées à 7h du matin. Oh, on dirait déjà qu’un mythe vient de tomber … je ne fais pas des grasses matinées tous les jours !
Si je dois commencer mes journées aussi tôt, c’est parce qu’elles vont être très remplies et qu’avant 22h je n’aurais pas de répit :
Quand on est blogueuse et qu’on a réussit à en faire son métier, l’aspect des photos publiées est ultra important afin d’entretenir et de professionnaliser son image sur les réseaux. Une photo instagram publiée par une blogueuse professionnelle (je dis ça mais il y a également énormément de filles qui font ça pour elles-mêmes sans gagner 1€ derrière et qui fournissent autant de travail donc c’est encore plus à leur honneur), ça comptabilise parfois presque une journée de travail derrière : tu as tout d’abord le shooting. La photo est souvent issue d’une série de photos faites dans des shootings, qui ont nécessité parfois beaucoup de déplacements, beaucoup de tentatives, donc on peut bien compter 3h de temps rien que pour produire la photo qui sera finalement postée sur instagram ou sur le blog. S’ajoute à cela environ (pour les rapides), au minimum une heure de retouches. Ce temps de retouche peut parfois monter jusqu’à 2 ou 3 heures quand tu n’es pas satisfaites de ton travail, qu’il y a des personnes à retirer des photos, des cheveux dans le visage, des équilibres de lumières à faire à cause d’une mauvaise luminosité. Vient ensuite la rédaction du texte qui accompagnera la photo ou l’article. Bien évidemment pour une photo instagram, ça va relativement vite, mais ça peut monter jusqu’à presque une demi heure quand tu dois trouver les liens des pièces que tu portes, les différents hashtags que tu dois utiliser si tu collabores avec une marque, vérifier que la photo rentre dans tous les critères que la marque t’a énuméré (parfois, il y a en a une vingtaine pour vous dire!!!). Pour un article de blog, la rédaction d’un texte peut prendre plusieurs jours en fonction de la qualité de ce dernier et des recherches à fournir. Heureusement (faudrait pas qu’on bosse trop n’est-ce pas?) ces articles sont rares, et ceux que je poste ne font en général pas plus de 500 mots pour un total de deux à trois heures de travail. Pour instagram, le compteur s’arrête là, mais pour l’article de blog, on peut encore compter sur l’amélioration du référencement de l’article (encore une compétence que j’ai du acquérir!) afin de pouvoir se positionner correctement dans google, le partage de l’article sur les différents réseaux qui existent (il y en a tellement maintenant que ça prend un temps monstre de faire ça correctement). Mais attendez, ça fait combien d’heures de travail pour cette photo instagram, cet article? Presque 4h30 pour une photo instagram et presque 10h pour un article de blog? Bien évidemment c’est aléatoire et une photo instagram spontanée prise de ton lunch du jour sera postée en moins d’une heure, mais je parle ici de l’aspect professionnel et donc de photos qui en général sont postées dans le cadre de collaborations rémunérée ou non, parce que oui, on est même pas toujours payées pour fournir tout ce travail.
En tant que blogueuse, j’ai dû apprendre à manier un tas de casquettes : j’ai du apprendre à être photographe, vidéaste, apprendre à maitriser photoshop ou lightroom pour retoucher mes photos, final cut pro ou adobe première pro pour monter et retoucher mes vidéos. J’ai du apprendre à être codeuse, web designer, afin de créer mon identité visuelle, mon site, et de pallier les différents bugs que mon site rencontre. J’ai du apprendre à être community manager, à créer mon identité visuelle sur les réseaux sociaux et gérer ces derniers. J’ai dû apprendre à être journaliste, afin de rédiger des articles complets, intéressants, recherchés. Je suis aussi déjà un peu avocate avant l’heure, quand je dois régler des conflits contractuels avec les marques avec lesquels je travaille. Je suis aussi conseillère mode, conseillère en image, quand je réponds aux demandes de mes lectrices pour avoir des conseils personnalisés. Je suis directrice d’entreprise, j’ai commencé mon activité il y a deux ans en tant qu’indépendante complémentaire, pour aboutir aujourd’hui à gérer ma propre société composée de ses différents acteurs : comptable, co-gérant, manager. Voilà combien de compétences acquises sur le terrain, le terrain du web, que je pourrais mettre sur mon CV?
Mais en soi, c’est vrai, pourquoi est-ce qu’on fait tout ça? Est-ce que ce travail est justifié? A quoi on sert au final? Certes, notre travail pourrait être payé pour le nombre d’heures passées à créer ce contenu. Mais souvent, les rémunérations sont décuplées plus le nombre de personnes qui suivent la personne est grand. Si vous n’avez pas encore compris l’importance des blogueuses et influenceuses, vous êtes en retard de quelques guerres. A l’époque du digital, les publicités TV ou papiers ont perdu petit à petit l’influence et leur place dominante dans le secteur de la publicité. Qui a pris leur place? Les réseaux sociaux! Et qui est actif sur les réseaux sociaux? Les blogueuses, les instagrameuses, les youtubeuses (désolée les mecs je vous compte dedans aussi ^^), les influenceuses. Qui sont les personnes qu’il faut contacter si tu veux mettre en avant ton nouveau produit, si tu veux que les jeunes s’arrachent ta dernière création? Nous ! Notre métier a une place considérable dans le milieu publicitaire. Certes, tout le monde n’a pas une éthique du tonnerre, et parfois certaines blogueuses deviennent de réels panneaux publicitaires, sans parler des personnes issues de la télé réalité qui parlent de produits parfois même dangereux pour la santé. Mais il y a aussi des filles qui savent faire le tri entre ce qu’il faut montrer, ce dont il faut parler et ce dont elles ne veulent pas parler, celles là font leur métier correctement et éthiquement, sans tricher sur le nombre de personnes qui les suivent, ou sans mentir sur le produit dont elles parlent. Certes on a moins d’utilité que le chirurgien ou l’ingénieur, mais chacun sa branche pardi. Si on joue dans ces eaux là, quel est l’utilité du footballeur ?? De la mannequin? La blogueuse, la youtubeuse, son métier est de divertir, d’inspirer, de créer les tendances, de les dénicher. On n’a peut-être pas la même utilité qu’un chirurgien qui va sauver des vies, mais il n’empêche qu’on fait partie du système actuel, dans la branche du divertissement et de la consommation.
Bien évidemment, peu y voient aussi l’aspect créatif derrière. La mise en scène des photos, des shootings, la création des tenues, des scénarios pour les vidéos, c’est un véritable métier artistique également pour celles qui s’appliquent dans ce qu’elles font et qui ont décidé de le tourner de la sorte. Je pense notamment à des filles comme Natacha Birds qui fournissent un travail de titan. Mais j’oubliais, on est payées à ne rien faire.
A coté de cela, peu d’influenceuses peuvent se vanter de réellement en vivre confortablement. Pour la plupart, la « rémunération » ne consiste qu’à recevoir quelques cadeaux et autres produits gratuits et à être invitée à quelques soirées mondaines. Alors que ces filles fournissent un travail tout aussi conséquent (et parfois meilleur) que certaines blogueuses professionnelles. Nous ne devons pas être plus d’une dizaine en Belgique a réellement vivre de notre activité de blogueuse, youtubeuse ou influenceuses. Toutes les autres filles que vous voyez font ca pour la plupart gratuitement et c’est encore plus à leur honneur de continuer à mener leur barque malgré le fait de ne pas avoir de retour financier derrière, ou minime, tout ça par passion du web, du partage, et de l’échange. Elles combinent souvent leur blog avec des études, un métier, parfois plusieurs ce que je trouve, pour ma part plus admirable que détestable.
En conclusion, non je ne suis pas à plaindre. Chaque jours, j’ai la chance de me réveiller en sachant que je vais travailler pour une cause qui me plait, qui me passionne, pour moi-même étant donné que je suis mon propre patron. Vous pouvez m’envier si vous voulez, c’est sur, qui ne rêverait pas à 23 ans d’avoir créé son entreprise, d’avoir presque son diplôme de droit en poche malgré le fait de travailler à développer son activité simultanément à des études compliquées, de pouvoir avoir un salaire confortable tous les mois, et ce grâce à une activité qui vous passionne et pour laquelle vous pouvez travailler sans compter les heures? Oui je suis chanceuse, mais la chance je l’ai provoquée. Ca ne tombe pas du ciel ce genre de situations !! J’ai bossé pendant des années gratuitement, étudiant la journée, travaillant sur mon blog la nuit, pour apprendre, m’enrichir, comprendre le milieu dans lequel j’étais tombée, en délaissant souvent ma famille, mon petit ami, mes amis au profit d’une cause qui ne me rapportait à l’époque rien du tout mais me passionnait. J’ai perdu des amis qui m’étaient extrêmement proches car je me consacrais à 200% à ce blog qui ne me rapportait à l’époque presque rien hormis quelques vêtements et produits de beauté gratuits. J’ai sacrifié ma vie estudiantine pour pouvoir me consacrer au développement de mon site, de mon image, à chercher de nouvelles idées, pour se renouveler, se différencier. Je l’ai fait par passion, jamais je ne me suis sentie obligée de faire tous ces sacrifices, mais je les ai fait. On arrive pas là sans sacrifice ni travail. Alors par pitié, arrêtez de dénigrer le travail que font les blogueuses, au simple titre que vous ne comprenez pas notre boulot, on ne vous demande pas de nous plaindre, loin de là, bien évidemment on travaille dans un milieu de rêve, on traverse des dizaines de pays grâce à notre métier, mais il n’empêche que l’on a droit d’avoir du RESPECT pour ce que l’on fait pour les raisons que je vous ai déjà énoncées plus haut, au même titre que vous respectez une boulangère, une mannequin, une vendeuse, une médecin, une bar-man. Le monde du web c’est l’inconnu pour beaucoup, et encore plus pour les anciennes générations, et ne sous-estimez pas notre travail au simple titre que vous ne voulez pas comprendre ou que vous êtes aveuglé par l’aspect superficiel de notre métier, réfléchissez, et voyez tout ce que ca implique derrière, au même titre que n’importe quel métier. Beaucoup nous rigole au nez en disant qu’ils pourraient faire pareil, que c’est facile de devenir influenceur, mais si vous tentez l’expérience, vous comprendrez peut-être que finalement, ce n’est pas donné à tout le monde.
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